dimanche 8 avril 2012

Chapitre 25


Je me retourne brusquement, Perebro m'a surpris. Revêtu d'une toge Migono, semblable à celle des Mikava, mais en orange, il semble furieux. Il me montre ses pinces.
« C'est à cause de toi que je suis dans cet état ! Encore heureux que les Migono disposent d'une technologie assez avancée pour me permettre de récupérer mes mains !
    • Ça ne te serait pas arrivé si tu étais resté parmi nous !
    • Ça reste à démontrer ! Nos deux clans sont en guerre, et le tien comme le mien sont capables de mutiler l'ennemi.
    • Pourquoi as-tu rejoint les Migono ? Ils ne veulent que le malheur et la misère !
    • Ils veulent nous sauver ! Les Mikava sont des idéalistes, mais ils ne délivrent pas de message réaliste ! Le monde, c'est de la merde, les Migono l'ont compris, leur point de vue respecte cette compréhension, et ouvre les yeux des Hommes face à cette réalité ! La seule solution pour en échapper n'est en aucun cas le bonheur !
    • Mais... vous vous appuyez sur quoi pour dire ça ?
    • Feltro, le leader des Migono, dispose de nombreux arguments, et n'hésite pas à chercher les nouvelles recrues lui-même, pour améliorer la proximité, contrairement à votre Maradu, qui a délégué tout ses pouvoirs et qui ne fout plus rien aujourd'hui, si ce n'est alimenter la propagande et le culte de sa personnalité. Vous l'appelez ''Créateur'' par respect, mais ça lui donne un aspect divin !
    • Je, … je ne sais pas quoi dire.
    • En temps normal, je t'aurais mené à Feltro pour qu'il t'explique mieux notre point de vue. Mais vu que j'ai une greffe dans une heure et que je n'ai aucune envie de m'allier à toi, au vu de ce que tu m'as fait, j'ai envie de me servir de ces choses que j'appelle ''mainces'' une dernière fois.
Il me saisit à la gorge, son étreinte est intense, je peux à peine respirer, parler.
    • C'est à cause de gens comme toi que le monde est plein d'imbéciles. Tu es un soldat de l'ignorance, et vouloir un monde optimiste, c'est vouloir un monde naïf et complètement abruti par ses élites. »
Par réflexe de défense, je donne un coup de pied à Perebro, ce qui le fait chuter. C'est vrai que mes membres sont surpuissants, je l'avais oublié. Je dégaine ma lame. Il se relève, la saisit, et la détruit grâce à ses pinces. Le combat doit se faire à mains nues. Il me saisit au bras, compresse mon armure, et décrit un mouvement de rotation avec son ''poignet'', qui n'aurait pas pu se faire avec une main normale. L'afflux sanguin de mon bras est rapidement coupé, et le membre risque d'être écrasé.
« STOP ! »
Un cri puissant s'est fait entendre depuis l'entrée. La pression se relâche, je me retourne, et je vois une silhouette plus noire que noire. Je devine les contours d'une toge semblable aux nôtres, exception faite que tous les motifs et reflets sont d'un noir si intense qu'on croirait qu'une aura, qu'un éclairage sombre s'en échappe.
« PEREBRO ! Je t'avais pourtant dit de m'apporter tous les Mikava que tu trouverais !
Quelle voix caverneuse. D'apparence, le nouvel arrivant a tout d'un super-méchant stéréotypé. J'ai ensuite l'idée de jeter un œil au nom apparaissant sur ma visière, je comprends, puis mon rythme cardiaque s'accélère.
    • Mais... chef ! C'est Ardamu, le Mikava dont je vous ai parlé, qui m'a tranché les mains !
    • Qu'importe qu'il t'ait tranché quoique ce soit ! Je t'ai déjà dit qu'on peut recréer les pièces d'origine avec ton ADN, ici – tout ça sans frais - . C'est une blessure légère qui ne mérite pas une telle vengeance – car les dégâts sont réparables - !
    • On croirait entendre un garagiste...
    • Boucle-la, Ardamu ! C'est Feltro, et pas Jo le Rigolo ! HA HA HA !
    • Par moments, je me demande si j'ai bien fait de le récupérer, en fait...
    • Alors, c'est vous le créateur d'Obero ? Le fameux apprenti raté contre qui on se bat ?
    • Je vois qu'on a beaucoup de choses à se dire... suis-moi. »

Nous quittons la salle d'opération et Perebro, puis nous rejoignons la dernière voie que je n'avais encore osé prendre. Je tente de poser plusieurs questions à Feltro, celui-ci les esquive toutes, m'invitant à patienter. Je ne sais pas pourquoi je le suis, ça m'a l'air d'être un affreux traquenard. Étrangement, il ne m'a pas l'air agressif, il n'a pas l'air de vouloir m'attaquer. Curieux, j'attends de voir ce qu'il va se passer.
Le couloir est court et débouche sur une salle gigantesque, d'une forme semblable au premier niveau de l'Académie Mikava, mais ''retournée''. Nous sommes à son sommet, une multitude d'escaliers descendent vers le cœur de la salle, un petit dôme. Des Migono par centaines circulent dans les innombrables couloirs reliant ces escaliers avec une multitude de petits appartements, leurs conversations sont sans doute la source du bruit que j'entendais tout à l'heure. Je peux apercevoir d'autres couloirs à notre niveau, me faisant penser que beaucoup de choses restent à voir.
« Voici l'Académie Migono. Comme tu peux le voir, je me suis légèrement inspiré du design de votre académie pour façonner la mienne.
    • C'est carrément du plagiat, en fait.
    • Faut dire que l'architecte à vu juste sur ce point-là. La structure permet une communication idéale entre les parties, et un petit bureau au milieu de cette salle me suffit pour superviser l'ensemble. Oui, c'est à la limite du plagiat, mais ce cher cousin n'avait qu'à pas laisser traîner ses plans.
    • Votre ''cher cousin'' ?
    • Maradu. »

Aucun commentaire: