samedi 8 octobre 2011

Chapitre 10

Les jours ont passé. Je suis maintenant ''dérouillé'' d'après Sarantu au niveau du maniement de la lame, et je commence à m'imposer face aux niveaux ''difficile''. Je participe également aux stages de pilotage et parviens à maîtriser mon motocycle, mais pas dans les situations pointues et autres cascades. Garatu a étrangement disparu. Mon mentor n'a plus de nouvelles de lui depuis quelques jours, et il ne peut plus se téléporter à l'endroit où il se situe. Faclastu se prépare toujours pour son rendez-vous, sa tension augmente de jour en jour.

Avec les cours du chevalier, auxquels j'assiste chaque jour, je me suis fait un ami. Marc est qualifié d'intello par une majeure partie de la classe et fréquente peu de monde également. Il ne me bizutait pas, mais ne me parlait pas non plus. J'ai su faire connaissance avec lui à l'occasion d'un travail de binôme. En effet, grâce à l'absence d'un gars de ma classe, nous étions en nombre pair ce jour-là. Marc avait également été délaissé, nous nous sommes donc retrouvés à plancher sur un petit dossier d'Histoire-Géo sur la Seconde Guerre Mondiale. Avec quelques clés de conversation que m'a enseigné Sarantu, je me suis trouvé à parler super-héros avec mon collègue. Pour la première fois à la récré, je n'attendais plus péniblement devant la salle de classe, je conversais avec lui, et il s'est révélé être un grand fan de super-héros et posséder une collection de comics remplissant plusieurs étagères. Chaque jour, il m'en prête un, que je lui rends le lendemain après l'avoir lu. Embarrassé de ne rien pouvoir lui prêter, cela me gène toujours, mais il a le cœur sur la main. Cela ne manque pas de jaser auprès des autres. L'ancien ''intello'' est devenu le ''pédé du connard''. Mais ce surnom ne fut qu'éphémère, car son porteur a pu glisser un billet à Wolfgang Ulrich pour qu'il soit oublié.


Une journée commence, mais quelque chose d'inhabituel se produit. Alors que j'attends que la journée de cours commence, finissant le comic de Marc, j'aperçois justement Wolfgang Ulrich et deux de ses amis pousser Blanche dans une ruelle. Mon instinct de curieux me fait ranger la lecture dans mon sac pour me plaquer contre un mur et épier discrètement ce qu'il se passe dans la ruelle. Je vois WU et ses deux sbires brutaliser Blanche, gisant en larmes et en sang au sol. Elle tente de parler.

« Non, Wolfgang ! Pitié !

    • Tu refuses la sodomie, salope ! Tu vas voir qu'on refuse rien à Wolfgang Ulrich !

    • Pitié ! Arrête ! Tu me fais mal !

    • Puisque tu la refuses, je te la ferai de force ! »

Voilà une situation compliquée, que je pourrais résoudre en Mikava. Je suis en effet invisible aux yeux des humains non-initiés sous cette forme, mais mes actions ont malgré tout un impact. Je jette un œil autour de moi pour garder ma transformation discrète, puis je revêts mon armure, entre dans la ruelle, et m'apprête à me servir de ce grappin dont je me suis équipé récemment pour agripper Blanche et l'éloigner de ses ravisseurs. À ce moment, WU se retourne.

« Tiens, tiens, voilà qui est intéressant. Vous voyez ce que je vois, les gars ? Un Mikava !

Il marque un temps, contemplant visiblement mon air surpris.

    • À ce que je vois, c'est l'heure de casser de l'optimiste... Rekopo, Tesseto, avec moi ! »

Horrifié, j'assiste à la matérialisation de trois Migono face à moi ! Les deux sbires ont en effet les noms donnés par WU, tandis que ce dernier se nomme désormais Belto. M'étant déjà entraîné contre plusieurs hologrammes de Migono en une seule fois, je suis malgré tout sorti de ces entraînements théoriquement démembré. Et là, les lames sont réelles.

Blanche, quant à elle, semble ne plus nous voir ni nous entendre, et en profite pour fuir dans la direction opposée. Je range alors mon grappin et sors ma lame, tandis que mon adrénaline se met à atteindre un pic critique.


Hurlant de manière horrible, les trois se jettent sur moi. Les coups sont extrêmement rapides, et je parviens difficilement à tous les esquiver. Plusieurs me frôlent sans me blesser, mais endommagent malgré tout mon armure. Heureusement, je parviens rapidement à désarmer un Migono. Sa lame part en hauteur et retombe en donnant un coup mortel à la colonne vertébrale de l'autre sbire. Celui-ci s'effondre au sol, mais les deux adversaires restants n'expriment aucune compassion. Belto ramasse la lame l'ayant tué, range son bouclier et se met à m'attaquer avec elle, en plus de sa propre lame. L'armure du sbire mort disparaît, laissant son cadavre humain ensanglanté gisant au sol. Maintenant désarmé, le second sbire ne peut plus que parer, et préfère donc fuir en matérialisant une porte, vers Obero sans doute.

Ne restent alors plus que WU et moi, peinant à parer les coups de ses deux lames. Son style d'attaque est plutôt sauvage, et la force de ses coups dévie mes accessoires vers moi. Par plusieurs fois, je suis presque tranché par ma propre arme. Je n'avais encore jamais défié d'adversaire armé de plusieurs lames, et me vois contraint d'utiliser majoritairement le bouclier, ayant renoncé à désarmer Belto avec ma propre lame. Il appuie alors sur un bouton sur le manche de sa lame, et celle-ci se met à rayonner pendant quelques secondes. En deux coups, il parvient à couper en deux mon bouclier et mon arme. Désarmé, je recule dans un coin de la ruelle formé par une poubelle et un mur. La lame de Belto cesse de rayonner. Inutile d'essayer de me défendre avec les poings et les pieds, face à la lame, ils ne pourront rien faire. Cerné, je sens ma fin venir. J'ai voulu être héroïque, suivre les exemples donnés par les super-héros, cela a mené à ma perte. D'une voix vocodée, lugubre, caverneuse, mon adversaire prononce la sentence.

« À toi de faire un choix, Mikava. Ou tu nous rejoins, ou tu meurs. »

Subitement, je me résigne. Après tout, je voulais me suicider chaque semaine avant de m'embarquer dans cette histoire. Encore un échec. Une fois de trop, la chance n'était pas avec moi. Tant qu'à faire, que je sois tué où que je me suicide, je meurs dans tous les cas. M'étant calmé, je penche la tête en avant et ferme les yeux.

« Tuez donc. Je suis une erreur de la nature, de toutes façons. Je ne mérite pas de vivre, mais je n'ose pas me suicider. Mettez fin à mes jours, je vous en supplie. »

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