samedi 3 septembre 2011

Chapitre 5

Sarantu s'assoit également, et commence son cours.

« Bonsoir, bonsoir... L'autre jour, maître Antartu m'a confié la mission de former Ardamu ici présent. Il devient donc mon 42ème apprenti, et je suis ravi de l'accueillir parmi nous, et je lui souhaite le même succès dans sa formation que les actuels chevaliers qui auront été sous mon aile. Bienvenue parmi nous !

Applaudissements de mes deux camarades.

    • Les cours ressemblent aux réunions des alcooliques anonymes. reprends-je

    • Idée reçue. Ici, personne n'est alcoolique. répond Garatu

Éclats de rire des deux autres.

    • Tu vois, sous sédatif, tes blagues sont bonnes. Apprends à te calmer et à ne pas lancer le mot facile en permanence, et tu seras apprécié. dit Sarantu

    • Je comprends, chevalier.

    • Bien, à présent, parlons de vos expériences respectives. Vu que tu es lancé, commence, Garatu.

    • Et bien. Hier, un gars m'a demandé ''Comment vas-tu ?'' et j'ai répondu ''Yau de poêle.''. J'ai lu la pitié sur son visage.

    • Logique, cette blague est plus vieille que moi, et qu'est-ce que je suis vieux... répond Faclastu

    • Et bien, mon ''vieux'' Faclastu, toi qui achèves ta formation, qu'en est-il avec cette Carolia dont tu nous parles depuis peu ?

    • C'est très bien parti. Je l'ai invitée dans un excellent restaurant. Malheureusement, le rendez-vous n'a lieu que dans quinze jours, elle ne pouvait pas se libérer avant...

    • Je suis ravi de voir que tu pressens au grade de chevalier. Même en ayant formé une quarantaine d'apprentis, je serai toujours ravi de voir l'un des miens gravir les échelons.

    • Vous ne m'enlèverez pas cette impression de réunion des alcooliques anonymes.

    • Mes cours ne sont pas longs, j'admets qu'il peut parfois y avoir de l'ennui, mais on s'y habitue. Aujourd'hui, on parle plutôt de notre vie, pour montrer qu'on réussit, qu'on échoue, que nous sommes humains, et tous dans la même galère. Quand plusieurs apprentis sont présents en même temps, on préfère parler des expériences sur Terre. Cela arrive rarement, mais vu que vous êtes avancés chacun à un différent degré, on préfère faire des cours ''intimistes''. On ne change pas de chevalier en fonction de la progression dans l'apprentissage, un seul mentor par dossier, pour analyser succès et échecs de manière plus optimale. Bien, autre chose à ajouter ?

    • Non.

    • Non.

    • C'est le frère de Oui-Oui. HA HA HA !

    • J'ai dû lui injecter une dose trop faible... »


Peu après, je me retrouve dans ma chambre, en compagnie de Sarantu.

« Bien, maintenant que Garatu et Faclastu sont partis, je te propose d'effectuer ton premier entraînement au maniement d'armes, pour te faire à l'idée du combat. Mais avant toute chose, tu dois configurer ton armure. »

Il pointe alors du doigt la cabine de douche repérée voilà quelques... dizaines de minutes maintenant. Je devrais dormir à cette heure-ci, personne n'aura remarqué mon absence, du moins, je l'espère. D'après le livret, il n'y a aucune distorsion temporelle entre Anuva et la Terre, le temps s'écoule sur Terre au même rythme que sur Anuva, et inversement.

Bref, j'entre dans la cabine. Le chevalier me dit simplement ''Tu verras, c'est intuitif. Je t'attends à l'extérieur.''. À l'intérieur, un bouton-poussoir et plusieurs trappes. Je sens que je vais le regretter, mais j'appuie sur le bouton malgré tout. La cabine se referme. Des écrans jaillissent des trappes, quinze pouces de diagonale environ. Une voix vocodée retentit.

« Bienvenue dans le programme de conception de l'armure de combat. Je m'appelle Mikava Sam et je vous guiderai pas à pas dans la conception de votre armure.

    • Euh... bonsoir.

    • Je ne comprends pas votre requête.

Un programme de voix pré-enregistrées, sans doute.

    • Je vais à présent ouvrir le menu. Les écrans sont dotés de la technologie tactile, n'hésitez pas à vous en servir et à poser vos questions directement à voix haute.

Hésitant, j'appuie sur un des panneaux apparus à l'écran. Celui-ci mentionne ''Tête''. Plusieurs styles de casques s'affichent sur un autre écran. La voix retentit.

    • Choisissez votre casque.

    • Celui avec des ailes à l'arrière à l'air pas mal.

    • Je ne comprends pas votre requête.

    • Ah oui, c'est vrai. La technologie tactile, suis-je bête.

    • C'est vous qui le dites.

Je fais la grimace. Vraisemblablement, les concepteurs de cet engin ont de l'humour, ou font partie de la famille de Garatu. Je choisis alors mon casque ''ailé''. Je reviens automatiquement au menu, puis continue ma configuration pour les divers éléments. Le style de ces armures est plutôt sympathique. La description des éléments est imagée et expliquée longuement. Chacun a ses avantages et inconvénients. Sur le même modèle, je choisis un modèle de corps ''en X'', un modèle de bras ''ossature'', un modèle de jambes ''spirale'', des gants et bottes ''neutre'', et une lame et un bouclier ''hyliens''. Un bouton vert apparaît sur un écran une fois tous mes choix faits, pour confirmer la construction de mon armure. D'autres trappes s'ouvrent alors, des lasers construisent mon armure sur-mesure directement sur moi. Cinq minutes plus tard, la cabine s'ouvre dans un nuage de fumée. La voix me remercie d'avoir utilisé mes services et me remercie en me souhaitant une bonne journée. Il est onze heures et demie.

Je sors alors de ma chambre, épée sortie du fourreau et bouclier brandi. Sarantu m'attend comme promis, et me donne son avis sur mon nouvel attirail.

« Ah, tu as choisi le modèle ''ossature'' pour les bras ? Dommage... Bon, tu auras sans doute remarqué certains clichés dans cette cabine, tels les écrans tactiles et le nuage de fumée. Le fondateur a été quelque peu... enthousiaste en créant certains objets ici. Heureusement, le conseil des maîtres s'est opposé à l'implantation de la technologie haptique, disant qu'on arriverait pas à l'expliquer aux nouveaux arrivants et que c'était quand même trop avant-gardiste.

    • C'est quoi la technologie haptique ?

    • Eurhm... tu regarderas sur Wikipedia.

    • J'ai pas d'accès Internet.

    • L'ordinateur dans ta chambre anuvienne, si.

    • Bref, comment j'enlève cette armure, maintenant ?

    • Concentre-toi sur la pensée ''Enlever armure'', ou ''Enfiler armure'' pour la remettre.

    • Pourquoi faut-il se concentrer sur nos pensées ?

    • Lors d'une heure de cours, tu t'ennuies. D'un coup, tu penses ''Enfiler armure''.

    • Oui, vu comme ça...

    • Te concentrer sur la pensée pendant un moment permet de ne pas faire de faux mouvement. Mais tu n'as généralement pas à penser à ton action plus de cinq secondes.

    • Petite question : j'ai cours demain et j'aimerais pas rentrer trop tard chez moi, vous comprenez, le sommeil, tout ça... On peut remettre la séance d'entraînement à une autre fois ?

    • À toi de voir, on te laisse un certain champ de liberté ici. Sache quant à moi que je suis présent ici tous les jours vers dix heures du soir le plus souvent.

    • Très bien, on se dit à demain ?

    • À demain. »

Sur ces mots, Sarantu disparaît subitement. Il aura sans doute pensé à ''Retour à la chambre''. Je fais de même. Sur le coup de la fatigue, j'oublie que la salle en question est juste derrière moi, mais cela m'aura permis de ressentir l'effet de la téléportation, c'est-à-dire, aucun. Je me retrouve au milieu de ma deuxième chambre instantanément, comme si je n'avais pas bougé. Il se trouve que la porte par laquelle je suis entré sur Anuva depuis la Terre est une porte stable. Le livret explique que je peux générer un passage entre les deux mondes quand je le souhaite, où je le souhaite sur Terre, qui me permette de repasser cette porte, par la pensée ''Aller sur Anuva'' ou ''Aller sur Terre''.


Bref, je retourne sur Terre, pour la première fois optimiste quant au lendemain. J'aime bien cet endroit, bien qu'il soit peut-être mieux que j'y enlève mon armure avant de retourner sur Terre. Derrière une première impression d'endroit strict, il s'avère plutôt décontracté en fin de compte. J'ai enfin un lieu où me réfugier, où bien vivre.

Je me couche le sourire aux lèvres.

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