J'ai ressenti du vide sous mes pieds, comme si j'avais marché sur une bouche d’égout à laquelle il manque le couvercle. Bien entendu, j'ai fait une jolie chute, puis j'ai atterri sur des cendres. C'est ce que je déduis en me relevant. Je ne reconnais que trop bien l'endroit : je suis sur Obero. Le lieu ressemble à celui où mon combat contre Wolfgang Ulrich s'est déroulé, sauf que l'entrée d'une caverne se trouve devant moi. Le vent siffle, il vient de l'intérieur. Tendu, j'enfile mon armure et entre, non sans avoir dégluti.
L'endroit paraît être une grotte conventionnelle, si on excepte les motifs lumineux oranges qui ornent ses parois sombres, suffisants pour éclairer le chemin. Il fait très chaud. Il ne faut pas longtemps avant de constater que le chemin descend, ce qui me donne l'impression d'entrer en enfer.
Les parois se font de moins en moins irrégulières, comme si les formes d'un couloir construit de la main de l'Homme commençaient à s'y loger. J'entends du bruit au loin, et il ne fait que s'amplifier au fur et à mesure de mon avancée. Puis trois chemins s'offrent à moi, le premier est sur la gauche, le deuxième sur la droite, le dernier ne me ferait pas changer de direction, mais se distingue des deux autres du fait que la grotte semble s'y terminer pour laisser place à une construction (du moins, c'est ce que j'en déduis car la paroi y est presque lisse), d'où provient le bruit que j'entends. Courageux mais pas téméraire, je préfère d'abord m'engager dans les chemins de la grotte.
Au hasard, je pars à gauche. Le chemin se mue en une sorte d'escalier en colimaçon descendant profondément sous terre. Après avoir descendu une bonne centaine de marches, j'arrive dans... une prison. Elle s'étale sur un niveau, et ne paraît pas bien grande, et beaucoup de cellules sont vides, jusqu'à ce que j'y trouve une vielle connaissance.
« Chevalier, c'est vous ?
- Ah, Ardamu ! Tu m'as retrouvé ! Bon sang, regarde le pétrin dans lequel je me suis fourré, tout ça pour avoir voulu te voir accomplir ton destin...
- Vraiment désolé, Sarantu.
- Ce n'est rien, ça m'apprendra à vouloir épier mes élèves. Au fait, pas bien joué pour ton entrevue avec Blanche, tu es passé à ça de l'embrasser !
- Il fallait que je vous sauve !
- Rah, mais ton avenir est plus important que le mien, voyons ! Je suis déjà âgé, ne te préoccupe pas de ma situation !
- Mais... je n'allais pas vous laisser crever dans les bras... euh... membres de Garatu !
- Garatu n'existe plus, Perebro l'a dévoré. Puis tu vois bien que je suis pas mort, voyons !
- Je ne sais plus quoi pen...
- Planque-toi ! Un garde arrive ! »
En effet, des bruits de pas se font entendre depuis l'escalier. Rapidement, j'ouvre une cellule vide, et m'y glisse discrètement, me tapissant dans un coin, tourné vers le mur. Pas la meilleure cachette, mais il n'y a visiblement pas mieux dans le coin. J'entends un Migono ouvrir ma cellule, puis quelque chose glisse vers moi et me percute.
« Ne t'en fais pas, tu devrais sortir dans pas longtemps. Attends encore une heure, et je te confirmerai la situation. »
Il me semble que c'est un Migono qui prononce ces mots, avant de refermer la cellule, puis de repartir.
« Igor ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?
Je me retourne, et je reconnais alors ce qui m'a percuté.
- Marc ? Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Peu après mon décollage, j'ai percuté un truc qui m'a assommé. Quand je me suis réveillé, j'étais ici, face à un Conseil de Migono, qui m'a présenté leur organisation. En fait, on les diabolise, ils ne sont pas si mauvais, dans le ...
- Arrête Nasartu, tu as été drogué. Repose-toi un peu.
- Je t'assure que non. Mais toi, qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Je t'expliquerai plus tard. En attendant, il faut trouver un moyen de sortir d'ici.
- Pourquoi ?
- Quoi, pourquoi ?
- Les Mikava nous ont menti depuis le début ! Trouve un Migono dans le couloir et demande-lui de tout expliquer, tu... »
Je n'écoute plus mon ami, m'étant rendu compte que la porte de la cellule n'est pas verrouillée, je sors de ma cage. Je lance un regard vers Sarantu, il souffle, grommelant dans sa barbe des mots à peine audibles, mais je parviens à entendre un ''Comment lutter ?''. Commençant à prendre peur, je promets de revenir et quitte la prison, pour tenter d'explorer les autres chemins.
Je prends alors l'autre chemin de grotte. Celui-ci est l'opposé du précédent, je grimpe bon nombre de marches. Espérant trouver une sortie au terme de cet escalier, je tombe dans une salle plutôt large, abritant une sorte de laboratoire. Des liquides verdâtres baignent dans des sortes de cuves. Une silhouette massive et inerte baigne dans l'une d'entre elles, je reconnais Wolfgang Ulrich, défiguré, auquel il manque une bonne partie du sommet de la tête, il n'a plus d'yeux, de nez, d'oreilles, de crâne. Une batterie de câbles est branchée à son corps. D'autres corps baignent dans ces cuves, intégraux ou non. Parfois, on n'y trouve que certains membres. Ce n'est plus un laboratoire, c'est une galerie de conservation de membres et de cadavres. Dépité face à la situation, je ne sais trop comment réagir.
Une porte se trouve au fond de cette salle. Je me risque à ouvrir, et j'y trouve une table d'opération plutôt futuriste, avec des instruments que je n'avais encore jamais vu jusqu'alors dans un bloc chirurgical : des fers à souder, des membres artificiels, des sécateurs, des scies...
« Bienvenue dans notre joyeux bloc chirurgical, ou devrais-je dire bloc ''charcutal'' ? HA HA HA ! »
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