samedi 24 septembre 2011

Chapitre 8

Horreur au moment de se lever : impossible de sortir ! Des planches de métal solide recouvrent nos portes et fenêtres donnant sur l'extérieur ! Nous sommes enfermés !

Mon père tente par tous les moyens de briser l'emprise de ces choses, il n'hésite pas à sortir une vieille caisse à outils... mais ce sont les outils qui brisent. C'est au tour de mon père de fondre en larmes, à ma mère de le réconforter.

« Non ! Non ! Je suis déjà dans le collimateur du patron depuis que je suis dans sa boîte, ça fait quinze ans qu'il cherche un prétexte valable pour me virer !

    • Il ne va quand même pas te virer pour un retard au boulot, quand même, si ?

    • Je l'ai déjà supplié pour avoir ce job au RMI, mais il préfère encore ne pas m'avoir dans ses rangs ! »


Ayant une idée, bien que peu orthodoxe, je fuis vers Anuva. Sarantu n'est pas là, mais je peux toujours demander conseil aux maîtres. Je parviens à en trouver un en communication visuelle grâce à l'ordinateur.

« Mes respects, maître. Je me nomme Ardamu, je viens d'être promu apprenti, et j'ai besoin de votre aide.

    • Salutations, apprenti, que souhaites-tu savoir ?

    • Je suis actuellement bloqué chez moi, des énergumènes ont bloqué les issues avec des planches de métal. Ne puis-je pas me servir de mon armure Mikava pour briser leur emprise ?

    • Son usage est normalement réservé aux combats. Mais tu peux t'en servir pour te sortir d'une situation inextricable avec des moyens terrestres.

    • Merci, maître. »

La communication se termine, je retourne sur Terre, attends que mes parents s'éclipsent dans une pièce voisine, je pense ''Enfiler armure'' quelques secondes. Ça marche. Je sors la lame de son fourreau et m'en sers pour éliminer les planches bloquant l'accès à la porte principale. Le bruit attire l'attention de mes parents. Heureusement qu'ils ne me voient pas quand je suis en armure, la situation serait inexplicable. Je m'éclipse vers les toilettes pour reprendre mon apparence humaine, tandis qu'ils restent bouche bée devant l'issue crée comme par magie. Peu après, je me sers de mon jeu d'acteur pour avoir l'air aussi surpris qu'eux. Puis la journée reprend normalement, et par chance, personne n'est en retard.


Entrant en salle de classe, Horace, fils de l'employeur de mon père, pousse un ''Mais...'' stupéfait en me voyant, avant que son voisin Manu ne le coupe avec un ''Ta gueule.'' très distingué.

La journée est plate, comme à son habitude. Je reprends mon humeur habituelle, malgré une présence d'énergie un peu plus conséquente qu'à l'habitude.


Le soir, je retrouve Sarantu. On est Vendredi, pas de cours demain, je peux rester aussi longtemps que je le souhaite. Je le retrouve dans la salle d'entraînement.

« Chevalier, ne m'aviez-vous pas promis un moyen de locomotion ?

    • Patience, patience, mon jeune apprenti. Toute chose vient à point en heure de celui qui sait attendre !

    • Mais... ça ne veut rien dire !

    • D'accord, tu m'y feras repenser après le cours.

    • Avant de commencer, je voulais demander si je pouvais révéler l'existence de ma seconde vie à mes parents. Je risque d'avoir du mal à joindre les deux, et ils commencent déjà à s'inquiéter, je suis contraint de leur mentir et j'ai horreur de ça.

    • La clause est claire : tu dois garder l'anonymat. Ne parle même pas de ton identité secrète à tes parents.

    • Même les super-héros chez Marvel et DC Comics ont confié leur identité secrète à certaines personnes !

    • Tu n'es pas un super-héros, tu es un Mikava !

    • Je sais, c'est dur à admettre, c'est difficile de masquer tout ce tintouin aux seuls proches que l'on a, mais il faut le faire ! On évite ainsi une propagation de notre existence dans les médias, ce qui empêche certains mouvements de vouloir nous éliminer.

    • Quels mouvements ?

    • Tu penses que ça ferait plaisir aux gouvernements impérialistes de savoir qu'ils ont une société concurrente à la leur ? Comment exercer l'autorité et la terreur quand on sait qu'un havre de paix est accessible, à condition d'être apprécié de personne ?

    • Si votre organisation comporte tant de sages, je pense que ceux-ci sauront faire la différence entre vrais et faux rejetés.

    • Nous serions confrontés à la traque des Mikava. Les pays dépenseraient des milliards pour nous détecter et nous minimiser encore plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Puis le bal de l'hypocrisie s'ouvrirait : ''Pourquoi aller sur une planète parallèle et risquer à être tué par un gilet-orange simplement pour être sociable alors qu'on peut vous aider sans danger ?'', avec ses fausses promesses et ses fausses compassions !

    • Et qu'est-ce qui me prouve qu'il n'y a pas d'hypocrisie ici ?

    • Cet endroit a été fait par quelqu'un ayant réellement vécu l'expérience de la solitude, il ne souhaite ça à personne !

    • Qu'est-ce que vous en savez ? Vous étiez là ?

Le ton de la conversation toujours croissant laisse sa place à un silence glacial. Sarantu se reprend sur un ton ferme.

    • Jeune homme, j'ai vu par moi-même une quarantaine de personnes passer du stade d'exilé à celui d'homme de société. Je n'ai pour certifier cela que ma parole d'homme. Libre à toi de me croire ou pas. Si tu penses que nous ne voulons pas t'aider, personne ne te retient de partir.

    • Je ne vous connaissais pas sur un ton si... froid.

    • Il le faut parfois, pour laver l'honneur. Je veux bien jouer les mecs baba cool pour donner une bonne image des Mikava aux nouveaux arrivants, mais encore faut-il que ces arrivants aient un minimum de respect pour l'organisation qui les accueille.

    • Veuillez accepter mes excuses, j'ai parlé trop vite.

    • C'est déjà oublié. Tu avais autre chose à ajouter ?

    • Euh... je ne crois pas.

La tension redescendait.

    • Bien, alors...

    • Si, en fait. Désolé de vous interrompre, mais... n'est-il pas possible de faire entrer mes parents chez les Mikava ? Ils sont autant marginalisés que moi, en fait...

    • Le fait d'attribuer trois apprentis par chevalier est déjà de trop. Nous avons énormément de travail, et nous privilégions les nouvelles recrues jeunes avec beaucoup d'années devant eux encore, qu'il serait dommage de gâcher. Le conseil des maîtres a dû découvrir tes parents en même temps que toi, mais ils ont préféré te recruter à cause de ces critères. Ils ont peut-être été casés sur une liste d'attente, mais ils ne sont pas prioritaires. Et puis... ils ne sont pas en bonne santé. »

En effet, ma mère a subi de graves blessures suite aux deux accouchements non-assistés qu'elle a subi, c'est un miracle qu'elle soit toujours en vie. Mon père, quant à lui, ne pourrait partir en retraite qu'à 76 ans au vu de sa situation actuelle, et en espérant que son métier ne lui abîme pas plus la santé.


La discussion passée, l'entraînement commence. J'affronte principalement des Migono de niveau ''normal'', je vainc l'adversaire une fois sur cinq. Après deux heures de dures batailles, le ratio descend à une victoire sur trois combats. Sarantu me complimente devant mes progrès plutôt impressionnants.

Nous enchaînons avec un cours. Faclastu est présent. Le chevalier choisit alors d'ouvrir un volet concernant les relations sentimentales.

« Faclastu, tu as une chance énorme d'avoir rencontré Carolia. Le tout est maintenant de ne pas se planter lors de ton rendez-vous au restaurant. Je sais que tu as énormément gagné en assurance, mais rien n'est encore joué tant que la phase de la séduction n'est pas terminée. Je te propose donc une petite mise en situation à ce sujet. Profitons de la présence d'Ardamu pour le faire participer et le laisser répondre en premier.

    • Euh... peut-être. Je vous avoue que mon expérience dans le domaine des relations avec le sexe opposé tend vers moins l'infini.

    • Et bien, ce sera l'occasion de lui faire changer de signe !

    • Excuse Faclastu, il a trop conversé avec Garatu.

    • Sans rancune ?

    • Sans rancune. Mais je suis pas trop le genre de gars à faire la gueule à quelqu'un pour une blague pas drôle.

    • Bien. Mise en situation. Devant la porte du restaurant, en train de... fumer une clope, une charmante demoiselle...

    • Je fume pas.

    • Ce n'est qu'une mise en situation, Ardamu, laisse-moi continuer. Donc, une charmante demoiselle sort également son paquet de cigarettes et vient fumer à vos côtés. Ardamu ?

    • Quoi ?

    • À toi de me dire ce que tu fais ensuite.

    • Je rentre dans le restau, je peux pas saquer l'odeur de la clope.

    • Je viens de te dire que c'est une mise en situation, admettons que tu aimes l'odeur quand même, ce n'est toutes façons pas réel !

    • Même avec de l'imagination j'ai du mal...

    • Bon, oublions l'histoire de la clope. Admettons que vous êtes devant le restaurant tous les deux et que vous ne fumez pas.

    • Mais on fait quoi, alors ?

    • J'en sais rien, vous attendez quelqu'un par exemple.

    • C'est pas mieux d'attendre à l'intérieur ?

    • Bon, on va dire que vous faites rien.

    • Poireauter dehors à rien foutre, sous la pluie en plus de ça ? Vous en connaissez beaucoup des gens qui le font ? »

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