samedi 5 novembre 2011

Chapitre 14

Étrange, je ne me souviens pas avoir violé la clause de confidentialité, même auprès de mon seul ami. Mais bon, je suis maintenant entré dans une des chambres de combat, où ont lieu les qualifications. Comme pour le Grand Prix, cent vingt places sont disponibles pour les inscriptions, et ceux ayant le moins de participations sont prioritaires pour y accéder.

J'affronte dix participants. Chaque victoire me donne cinq points, chaque défaite m'en fait perdre cinq autres. Pour l'occasion, nos armes sont réglées pour être aussi puissantes que celles des hologrammes de combat, pour ne tuer personne, mais simplement affaiblir en cas de coup important. Un signal couplé à un radar détectant tout coup pouvant être mortel retentit pour désigner un vainqueur. Un jury de chevaliers observe également le combat et peut attribuer des points si un certain talent est détecté. Un point est également attribué à chaque combattant à chaque minute de combat, mais les tricheries sont détectées par le jury, on ne peut s'arranger avec son adversaire pour rester immobiles une demi-heure.

De mon côté, j'affronte des adversaires divers et variés, mais tous plutôt coriaces. L'un d'entre eux ne sort pas sa lame, et se contente d'un talent d'esquive exceptionnel pour éviter mes coups, puis se rabat sur l'utilisation des poings et pieds, qui fait également ses preuves. Il remporte ce combat suite à un uppercut dans la mâchoire qui aurait déclenché une explosion du cerveau en temps normal. Un autre préfère le combat au blaster, mais la lame peut encaisser les coups, et la victoire est facile. Je termine la session d'entraînement avec soixante-huit points, ce qui me permet une douzième place.

Midi arrive, avant de rentrer, je converse avec Sarantu, qui a l'air plutôt inquiet.

« Bravo pour ta douzième place.

    • J'ai eu du bol. Par contre, ça a pas l'air d'aller pour vous.

    • Je n'ai pas de nouvelle de Faclastu, c'est étrange...

    • Il est peut être encore au lit avec Carolia.

    • Ne sois pas optimiste si vite. Il devait passer en salle de cours ce matin à onze heures. S'il avait réussi hier soir, j'aurais demandé à ce qu'on le nomme chevalier auprès du conseil jaune.

    • Oui, ce n'est pas négligeable.

    • Je passerai plus tard chez lui, on verra bien. »


Rentrant chez moi, je suis ravi de voir que Marc a tenu sa promesse. Les médicaments semblent avoir fait effet auprès de ma mère, et elle s'est levée. Elle prépare à manger, et Marc reste avec nous, invité en échange de ses services. Le déjeuner est servi, des patates. Le repas se termine dix minutes plus tard, mais avant de repartir pour Anuva, je questionne mon ami, seul à seul.

« Dis, j'ai beau essayer de me souvenir du moment où je t'ai parlé d'un tournoi, mais il ne me vient pas à l'esprit.

    • Sarantu m'a recruté chez les Mikava, et j'y porte désormais le nom de Nasartu. Je t'ai vu passer en courant dans la rue ce matin, profitant de l'armure pour rester discret et garder une bonne endurance, puis te planquer derrière un muret voisin pour reprendre discrètement ton apparence humaine Mais je maintiens que manipuler la téléportation est bien plus pratique pour vite en finir avec les trajets.

    • Voilà qui explique bien des choses, mais t'as pas un peu violé la clause de confidentialité ?

    • Clause qui dit que l'anonymat peut être malencontreusement brisé, auquel cas celui ayant découvert la véritable identité d'un Mikava doit s'engager à la préserver. Par après, en allant sur Anuva, je t'ai reconnu grâce à ton armure et ai pu coller un pseudonyme sur celui que j'avais vu courir ce matin grâce aux fonctionnalités dont je bénéficie sur cette planète.

    • Mais t'étais pas obligé de me révéler que tu es Nasartu.

    • J'estime que si je connais ton identité, tu dois aussi connaître la mienne, ça équilibre les parties entre apprentis.

    • Et pourquoi je ne t'ai pas remarqué ce matin ?

    • Ça, j'en sais rien. T'étais peut-être trop concentré sur ta mission. J'ai entendu que tu demandais des médicaments pour se remettre d'un malaise. J'en ai déduit que ta mère avait fait un malaise, après ces histoires que tu m'as raconté...

    • Quel don pour l'espionnage...

    • Non, c'est de la curiosité. J'ai toujours voulu être détective, ou un truc comme ça. Allez, ne loupe pas les duels, je serai dans les tribunes pour t'encourager.

    • Merci. »


Nous retournons sur Anuva puis allons vers les arènes de combat. Les huitièmes de finale débutent, et j'y défie un bretteur de talent. Maniant une lame plutôt légère, ses coups sont rapides et efficaces, effleurant mon armure par plusieurs fois. Toutefois, il baisse sa garde un instant, et je parviens à lui porter un coup qui l'aurait démembré. Le combat est fini.

Viennent ensuite les quarts de finale, où je défie un adversaire avec une arme à la limite de la réglementation : une lame élastique. Les fouets sont interdits, mais ce type de modification permet d'en reproduire l'effet sur une lame conventionnelle. Elle est malgré tout autorisée, sa portée étant moindre. La violence des coups s'en trouve améliorée, et ma lame est rapidement submergée de coups me déstabilisant. Je perds mon équilibre, et alors que mon adversaire s'apprête à porter le coup fatal, je lui donne un coup de pied par surprise, le faisant tomber au sol, inversant les rôles et me permettant la victoire.

La demi-finale est encore plus ardue. Je retrouve l'amateur des poings et pieds m'ayant donné du fil à retordre en qualifications. Préparé à son style de combat, je pare ses coups de poings et de pieds du mieux possible. Je parviens à lui infliger une légère blessure au poing gauche en le faisant taper sur un bord tranchant de ma lame, mais je finis par faiblir après dix minutes de combat, je brandis mon arme vers moi, et il en profite pour m'écraser le crâne contre elle avec son poing encore parfaitement opérationnel. La finale m'échappe.

En match de troisième place, je défie un combattant doté d'un équipement plutôt semblable au mien. Le combat dure, mais je parviens à lui trancher théoriquement le bras maintenant son bouclier. Je finis donc le tournoi troisième, et assiste à la finale aux côtés de Nasartu, dans les tribunes, et le gymnaste s'incline face à un bretteur, sans arme exotique. Malgré tout, je suis qualifié pour la joute finale, ce soir.


Sarantu m'attend à la sortie de la cérémonie du podium, l'air visiblement triste.

« Bah, l'important, c'est de participer.

    • Vous en faites pas pour moi, ce n'est que ma première participation aux tournois, je ferai mieux à l'avenir, puis c'est pas mal quand même comme place, non ? Vous avez l'air triste de ce résultat...

    • Ce n'est pas ça, c'est... Faclastu, il est mort.

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