samedi 22 octobre 2011

Chapitre 12

Toute la matinée, mon cœur bat à un rythme affreux. Même les mélodies horribles de SebastiAn ou de Skrillex, deux artistes de musique électronique particulièrement violente dont Marc écoute les œuvres, que je ne peux personnellement pas supporter sous peine de succomber à une otorragie, n'ont pas un rythme si rapide et violent. Une envie de vomir similaire à celle d'hier me prend, je suis malade toute la matinée et j'ai du mal à respirer. J'ai des fourmis dans le visage. En bref, je suis affreusement malade. Je parviens à oublier la situation deux minutes, puis ça repart de plus belle.

Enfin, ma tension se relâche une fois assis aux côtés de Blanche sur le banc, à déguster un sandwich au jambon. Je panique toujours, mais le stress s'est minimisé. Elle commence la discussion.

« Ça faisait deux mois qu'on était ensemble. Je dois avouer qu'au début, j'étais pas vraiment chaude pour me mettre en couple avec lui, mais il a su se montrer très persuasif... Tout cet argent, ces relations, cette influence, cette assurance... Je me disais qu'à ses côtés, je serais protégée quoiqu'il arrive. Il a un fort caractère, et j'ai eu du mal à m'y faire, mais dès lors qu'un de ses amis me taquinait un peu, il le reprenait tout de suite. Je me sentais en sécurité, mais mal à l'aise.

    • Tu... n'étais pas heureuse avec lui ?

    • Lui-même dit que le bonheur, c'est de la connerie, et que les gens heureux sont naïfs. De la même manière, optimiste et crétin sont des synonymes selon lui. Du coup, j'avais beaucoup de mal à me montrer ravie à ses côtés.

    • Et... qu'est-ce qui s'est passé, l'autre jour ?

    • J'avais dormi avec lui pendant la nuit. Le matin, il s'est levé avec des pulsions sexuelles monstrueuses. Il m'a proposé une nouvelle expérience et... J'ai refusé, et il a commencé à me battre. J'ai voulu fuir, mais il m'a rattrapé avec deux de ses amis, qu'il avait appelé en renfort pour me rattraper. On avait déjà eu des relations sexuelles, mais jamais de... »

Elle fond alors en larmes. Paniqué, je ne sais trop quoi faire. Improvisant, je pose sa tête contre mon épaule, pour qu'elle puisse y pleurer. Elle se blottit contre moi. La conversation s'interrompt pendant cinq minutes, je la laisse pleurer. Puis elle reprend ses esprits.

« Merci... Merci de m'avoir écoutée, ça fait du bien de se confier. Désolée d'avoir trempé tes habits de mes larmes, je me sens ridicule.

    • C'est pas grave.

    • Je ne pense pas que ce soit vraiment terminé. Il n'a pas eu ce qu'il voulait, et il cherchera à l'avoir par tous les moyens...

Un silence, puis elle reprend.

    • Mais au fait, toi qui as tout vu, tu as aussi vu ce truc bizarre ?

    • De ?

    • Quand lui et ses amis ont disparu subitement.

    • Quand... ah, oui, euh... C'est vrai que... c'est troublant aussi. Je... euh... ne sais pas ce qui à attiré son attention, euh... il parlait dans le vide.

    • Puis ce cadavre qu'on a retrouvé dans la même ruelle... Qu'est-ce que ça signifie ? Tu as vu ce qui s'est passé ?

    • Non... J'étais parti avant.

Un silence, puis elle reprend.

    • Tu as une petite amie, Igor ?

    • Qui ? Moi ? Euh... non.

    • Oui, ma question était idiote, désolée... euh... non, j'aurais pas du dire ça, quelle conne... Désolée, encore, je suis maladroite.

    • C'est pas grave. »

Le temps s'écoule vite, et la pluie s'intensifie. Trop trempés, nous rentrons au lycée pour trouver un abri. Mais Blanche ne veut pas faire le chemin avec moi, embarrassée, elle ne parvient à s'expliquer. Je réponds bêtement un ''C'est pas grave.'', et nous nous séparons.


Le week-end arrive. Aujourd'hui, Faclastu doit avoir son rendez-vous galant avec Carolia, Sarantu le briefe avant le grand moment. Son nouvel apprenti se nomme Nasartu, et devrait assister aux tournois de ce week-end dans le public. Au programme : qualifications pour le Grand Prix le Samedi matin, Grand Prix entre les huit meilleurs sur quatre circuits l'après-midi ; qualifications pour les combats le Dimanche matin, duels entre les seize meilleurs l'après-midi ; puis joute finale le soir entre les quatre à huit meilleurs de chaque discipline, tout dépend du nombre de concurrents différents dans les deux classements.

Je suis inscrit aux deux tournois. Pour l'occasion, j'ai pu bidouiller mon motocycle avec quelques décorations. Deux paires d'ailerons sur les côtés, un autre aileron fiché au sommet du véhicule, des améliorations aérodynamiques... On ne peut améliorer les performances de notre véhicule concrètement, car il faut laisser le pilote exprimer son talent au volant, ou au guidon ; autrement, ce serait désavantager l'apprenti moins expérimenté, ayant droit à moins d'options. Les améliorations aérodynamiques permettent un gain minime de performances, mais je trouve qu'elles ont l'air chouette quand même.


Le moment des qualifications arrive. Chaque inscrit effectue un contre-la-montre sur un circuit en 8. Cinq tours sont à effectuer, sont pris en compte le meilleur temps au tour et le temps global réalisé sur les dix tours. Les huit meilleurs sont ensuite sélectionnés pour le Grand Prix l'après-midi. Les tournois ne concernent que les apprentis, bien que les chevaliers en organisent de temps en temps entre eux, mais ils se permettent tout niveau améliorations et passent le tour sous la barre des trente secondes, alors que peu d'apprentis en sont capables avec leurs véhicules.

Mon tour vient. Cent vingt places sont disponibles pour les tournois, sont admis à l'inscription en priorité ceux ayant le moins de participations, car on n'a pas le temps de faire passer tout le monde. Je dois me classer au moins quatrième pour avoir une place garantie au Grand Prix. M'étant beaucoup entraîné sur ce circuit, je parviens à faire des temps corrects, à quelques dixièmes de seconde des records. Les feux s'éteignent, je réussis à partir pile au bon moment, sans perdre de temps, sans faire de faux départ. Premier virage sur la droite, je me colle au bord intérieur pour parcourir le moins de distance possible. Le virage terminé, je commence à me décaler progressivement sur la gauche pour adopter la même stratégie au virage suivant, dans la direction opposée, donc. Puis je me décale sur la droite progressivement, terminant mon premier tour, et je garde la même stratégie sur les cinq tours à très grande vitesse. Je reste cependant collé contre la gauche après le dernier virage, encore pour économiser du temps. Mes cinq tours auront été réalisés du mieux possible. Immédiatement, je quitte le circuit, et un autre concurrent part dans la minute.

Le tableau des scores m'indique un meilleur tour de trente-trois secondes et seize centièmes pour un temps total de deux minutes, quarante-huit secondes et quinze centièmes. Le classement n'est pas encore établi.

« Pour un début, je trouve que c'est pas mal, tu as tes chances pour courir cet après-midi.

    • Sarantu, vous êtes là, finalement ?

    • Voui, Nasartu est en train de confectionner son armure, et Faclastu consulte le Grand Livre des Mises en Situations, pour en trouver une que je ne lui aurais pas fait passer. J'en profite pour m'éclipser.

    • Au fait, je peux vous parler un instant ?

    • Dis toujours.

    • Voilà, hier, j'ai parlé un peu avec Blanche. Mais je trouve que j'ai trop souvent répété ''C'est pas grave.'' en guise de réponse. Elle s'excusait d'avoir pleuré sur mon épaule, et de ne pas vouloir retourner au lycée avec moi.

    • Wouh, je t'ai pas ''espionné'', hier, je sais pas trop ce qui s'est passé. Tu peux me résumer ça ?

Je m'exécute. Puis il commente.

    • Là, c'est vrai que j'aurais pas trop su quoi dire non plus. Je n'aurais peut-être rien dit, en fait, difficile de se projeter dans ce genre de situations. Je planche dessus et je te dis ça une autre fois.

    • Ça roule. »

Puis il part.


La matinée se termine, les résultats sont affichés. Je suis classé septième au classement général, qualifié pour le Grand Prix.

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