Retour sur le circuit en 8 cet après-midi. Il s'agit en effet du premier circuit du Grand Prix, mais cette fois-ci, sept autres apprentis m'accompagnent sur le circuit. La course se fait toujours sur cinq tours et nous pouvons choisir un bonus par circuit à emporter avec nous, à utiliser quand bon nous semble. Au choix, un objet raclant le circuit derrière nous, créant ainsi une zone de ralentissement pour ceux qui y passeraient : une bombe à lâcher devant ou derrière nous, soufflant les adversaires dans le sens où la physique le permet, explosant trois secondes après largage ; une sorte de nitroglycérine locale permettant une vitesse maximale plus élevée pour trois secondes ; un missile à tête chercheuse pour projeter en l'air un adversaire nous distançant... ou un objet mystère prenant les fonctions de l'un des quatre précédents, que l'on ne peut savoir tant que l'on ne l'a pas utilisé. Aimant les surprises, je choisis ce dernier.
Nous sommes alignés sur la grille de départ et la course commence. À nouveau, je réussis un bon départ, me permettant de passer rapidement en quatrième position. Mes adversaires méritent leur place, leur niveau est déjà très élevé, la course sera difficile. Dans le deuxième tour, je suis victime d'une piste raclée, et me vois considérablement ralenti, quasiment à l'arrêt. Deux autres adversaires ont été pris au piège comme moi, je me sens moins seul, tant mieux, c'est le but de ce monde. Je parviens finalement à sortir de ce bourbier après quinze secondes de galère. Me voici dans les derniers, et je ne parviendrai hélas pas à me rattraper avant la fin de la course, malgré l'accélérateur que j'obtiens. Je finis cinquième.
Une heure passe, puis nous arrivons sur le deuxième circuit, déjà plus attractif. Le départ à peine donné, le circuit plonge sous les dunes anuviennes. En moyenne à cinq mètres sous la surface, la vue de la source de lumière d'Anuva est encore plus nette. Le tracé est plutôt complexe, la largeur de la piste se rétrécit de temps en temps, parfois faute d'obstacles obstruant la piste. La vitesse doit se négocier, on ne peut y foncer comme sur le circuit en 8, sous peine de goûter un mur. Une maîtrise du véhicule en virages est indispensable. Le spectacle pour le public est en revanche limité à être présenté sur des écrans géants répartis dans un bâtiment-tribunes voisin. À environ cinq mètres sous terre, il est difficile de voir les coureurs, malgré la transparence du sol laissant entrevoir certains détails. Dépasser est également ardu. Profitant d'une erreur de pilotage d'un de mes adversaires, ayant mal placé une bombe, je parviens à gagner quelques places. Je finis troisième, grâce à une bombe obtenue au hasard, et mieux placée.
Le troisième circuit est complètement différent. Sur Anuva ont été fabriqués des reliefs impressionnants, dépassant l'Himalaya en hauteur. C'est ici que s'entraînent certains chevaliers et maîtres ayant le goût de l'extrême. Un circuit y a été crée, et peu de tribunes y ont été disposées, faute de place, à la faveur d'un bâtiment-tribunes encore une fois. Pour passer outre cette contrainte, certains anuviens utilisent des capsules de transport lévitant tout autour du circuit, assurant le meilleur spectacle. Le circuit est bien plus long que ses deux prédécesseurs, il faut bien dix minutes pour en faire le tour, côtoyant le vide à chaque instant, grimpant jusqu'à atteindre un sommet d'une dizaine de kilomètres de hauteur. Les objets sont ici presque inutiles, on finit par se retrouver à dix secondes de distance des adversaires les plus proches. Seul racler la piste s'avère vraiment utile, rendant le piège quasiment incontournable... quand on ne tombe pas soi-même dedans en repassant au même endroit au tour suivant. J'ai appris ça par le hasard. Une bonne accélération est également nécessaire, pour limiter le ralentissement quand la piste s'incline à soixante degrés vers les hauteurs interminables. J'y finis deuxième avec beaucoup de chance, et constate, surpris, que je suis premier ex æquo au classement général.
Le dernier circuit est dans les airs, maintenu en orbite à douze bons kilomètres de la surface de la planète. Possédant son propre champ de gravité, le tracé ose toutes les difficultés et fantaisies. On peut par exemple se retrouver à rouler sur une autre piste, au-dessus de son adversaire, mais dans le sens opposé... je ne sais pas vraiment comment décrire ça, imaginez simplement un truc loufoque... Certains carrefours nous permettent de choisir entre plusieurs tracés différents du circuit ; plus longs, mais exigeant une bonne maîtrise du véhicule à grande vitesse, ou moins longs, mais remplis d'obstacles et de virages demandant une bonne tenue de route ; mais autant de temps est passé sur un chemin comme sur l'autre, il suffit de choisir son programme préféré. Une fois de plus, pas de tribunes permettant un spectacle direct, les spectateurs sont encore marginalisés, et les capsules ne lévitent pas si haut. Le circuit est moyennement long, comparé à ses prédécesseurs.
Pendant la course, je passe plus près d'Obero. Le satellite à l'air encore plus ténébreux vu d'ici. Rien ne semble perturber sa surface noire, plutôt rocheuse et non lisse. Distrait par cette vision, je ne vois pas une bombe me frapper, me voici éjecté et sonné à dix mètres du point d'impact. Son effet n'est que peu flagrant, je rejoins rapidement la deuxième place. La ligne d'arrivée approche, et je ne suis pas loin du premier, un automobiliste. Je croise les doigts et lâche mon objet aléatoire, c'est un accélérateur, qui me permet de passer premier. Mais mon adversaire a plus d'un tour dans sa poche, et je vois sur les écrans disposés un peu partout autour du circuit qu'il dépose une bombe, alors qu'il est arrêté. Le souffle de l'explosion lui permet de se projeter devant moi, je reviens à son niveau, la ligne d'arrivée est à dix mètres, nous sommes au coude-à-coude. Cinq mètres, je prends la tête !
La course est finie, je suis deuxième. Je passe deuxième au classement général également, et mon adversaire devient le seul premier au classement. Bah, on ne peut pas gagner à tous les coups. En récompense de ma place, j'obtiens des Crédits Anuviens et une mise à jour de l'interface de création des véhicules, me permettant l'accès à plus d'options et d'accessoires.
Le soir, je rentre chez moi, ma mère est au lit, elle a encore eu un malaise. Ces accouchements réalisés sans assistance en sont la cause, d'après mon père. Les séquelles sont irréparables depuis des années. Il veille toute la nuit, pour être à disposition en cas d'aggravation de la situation, malgré une journée de travail épuisante.
Le lendemain, ma mère reste très faible, malgré une grande nuit de repos. Tôt le matin, je reviens de la pharmacie avec du Doliprane, un médicament à base de paracétamol qui m'a été conseillé par le pharmacien, et en rupture de stock sous sa forme générique. Je dois annuler ma participation aux combats, il faut veiller sur ma mère toute la journée. Mon père devant partir au travail, il ne peut le faire. Soudain, quelqu'un frappe à la porte. J'ouvre. C'est Marc.
« Salut, j'ai su pour ta mère. Elle va mieux ?
Euh, salut... Non, elle est encore couchée. On vient de lui donner du Doliprane.
C'est efficace en cas de malaise ?
Chsais pas, c'est le pharmacien qui nous l'a conseillé.
Mmh... deux minutes, je reviens. »
Deux minutes plus tard, Marc est revenu, et me tend un sachet de médicaments.
« Tiens, je viens d'acheter ça à la pharmacie.
Mais... elle est à cinq kilomètres d'ici. Comment t'as fait pour être aussi rapide ?
Ça n'a pas d'importance, mais ces médicaments devraient être plus efficaces que le Doliprane.
Bon, bah... merci beaucoup.
C'est rien, va à ton tournoi, je veillerai sur ta mère.
Oui, mon... Comment tu sais que j'ai un tournoi ?
Euh... parce que tu m'en as parlé !
Ah, euh, peut-être. Non, mais te dérange pas pour moi, je peux m'occuper de ma mère, t'as mieux à faire.
Justement non, je suis parti pour passer ma journée à me tourner les pouces. Je préfère rendre service à un ami.
Bon bah... c'est toi qui vois.
Ne t'en fais pas, elle est en sécurité, parole de Marc !
Merci beaucoup, je te revaudrai ça. »
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