samedi 15 octobre 2011

Chapitre 11

Une lame verte s'interpose entre ma tête et la lame de Belto.

« Si j'étais toi, j'essaierais de tuer un autre Mikava.

    • Quoi ? C'est encore un de tes esclaves ?

    • Ardamu n'est pas mon esclave, c'est un humain désireux de s'en sortir que j'ai pris sous mon aile pour l'aider.

    • Tu ne l'aideras pas ! Il est voué à la perte !

    • Je ne suis pas de cet avis. »

La lame orange se retire du blocage imposé par la lame verte. Belto s'enfuit comme son ancien sbire. Je reprends mon souffle.

« Sarantu, vous m'avez sauvé la vie. J'ai eu beaucoup de bol que vous soyez là au bon moment. Merci infiniment.

    • Ce n'est rien, tu étais en fâcheuse posture. Nous autres chevaliers avons des équipements pour nous téléporter vers nos apprentis, et ceux-ci nous avertissent également si l'apprenti se retrouve face à un Migono. Y'a un peu de chance, mais pas tant que ça, en fait.

    • Wolfgang Ulrich est un des leurs. Mais... il a dit ''encore un de tes esclaves'', vous vous connaissez ?

    • Il fut autrefois l'un de mes apprentis. Au début du collège, tu l'as connu ronchon à bouder dans un coin dans la cour du collège. J'étais jeune chevalier récemment promu, il fut l'une de mes premières recrues. Il a d'abord été intéressé par l'idée, a suivi mes premiers cours, mais s'est rapidement ennuyé et m'a envoyé balader, disant qu'il pouvait se débrouiller seul. Pas de chance, il fut également l'un des premiers apprentis de Feltro. Aujourd'hui, c'est l'un de ses bras droits, et il fait partie des Migono préférant tuer les Mikava plutôt que d'essayer de les pervertir en premier. Il a déjà manqué de tuer deux de mes apprentis, mais j'étais là à temps pour éviter le désastre.

    • Attendez, ça fait cinq ans que vous êtes chevalier, et y'a que quarante de vos élèves qui sont parvenus à votre grade ?

    • À raison de deux mois de formation en moyenne pour chaque élève, je trouve que c'est plutôt pas mal. Wolfgang fut mon seul échec. »

C'est bientôt l'heure d'entrer au lycée, Sarantu me laisse sur ces mots avant de retourner à ses occupations.


Pas de trace de Wolfgang Ulrich, ni de Blanche, aujourd'hui. À midi, des rumeurs commencent à circuler au sujet d'un cadavre d'élève du lycée qu'on aurait retrouvé dans une ruelle pas loin d'ici. Le lendemain, un hommage est organisé au lycée, suite à la mort du-dit élève, une minute de silence lui est consacrée. On aurait retrouvé mon cadavre à une minute près dans cette même ruelle, mais on n'aurait pas fait tant de chichis, on n'aurait pas non plus fait d'enquête pour éclaircir ça. Le surlendemain, Blanche et Wolfgang reviennent. Ils ne sont plus ensemble et ne disent pas un mot de la journée.

À midi, je trouve justement Blanche, assise sur un banc, dégustant un sandwich provenant du même commerce où j'achète le mien, ce n'est pas sans me rappeler une mise en situation à laquelle Sarantu m'a confronté. Une jolie demoiselle était isolée dans un coin. En proposant mon aide, j'étais parvenu à la retrouver pour plusieurs rencarts. Il est grand temps d'appliquer les leçons de mon mentor. N'écoutant que mon courage, je m'assieds à côté d'elle. Elle s'écarte. J'ose deux mots.

« Ça va ? »

Elle jette un regard sur moi, voir ses sublimes yeux de près double ma fréquence cardiaque, mais elle ne répond pas. Sarantu disait oser le mensonge si nécessaire. Je n'ai pas réfléchi.

« J'ai vu tout ce qui s'est passé, avant-hier matin.

Stupéfaite, elle me jette un nouveau regard, plus long cette fois-ci, les yeux exorbités, la bouche bée.

    • Si tu veux, euh... je suis témoin, c'est euh... s'tu veux intenter un procès à Wolf...

    • Y'a pas de faits, je vais pas le traîner au tribunal.

    • Voui, ma remarque était nulle. Euh... enfin... si tu veux parler à quelqu'un, je suis là.

    • Merci.

    • Je sais que euh... tu m'apprécies pas trop. Mais j'veux bien... t'aider, si…

Une envie de vomir magistrale me prend au ventre, une boule de stress énorme se forme, je sens que je peux faire une attaque d'un instant à l'autre.

    • Tu sais, je suis encore un peu sous le choc, si tu veux, on reparle de ça demain. Je serai au même endroit, à la même heure, d'accord ?

    • D-D'accord. »

Elle finit son sandwich et repart pour le lycée. Pendant ce temps, le silence s'impose.


Le soir, je retourne sur Anuva pour un cours avec Sarantu.

« Tu as très bien agi, Ardamu. C'est normal que tu aies bafouillé, ton rapprochement est un énorme pas en avant ! Des milliers de personnes ne l'auraient pas fait !

    • Et des millions d'autres n'auraient même pas hésité et se seraient pointées avec assurance.

    • Je te rappelle que tu es sur Anuva, un tel acte fait de toi l'un des apprentis les plus prometteurs ! Tu devrais en profiter pour voir les nouveaux accessoires qui te sont accessibles pour les tournois de ce week-end.

    • Je viens de décrocher mon premier rencart, et vous pensez juste aux compétitions de ce week-end ?

    • C'était un aparté, voyons. Bon, tu es tendu, ça se comprend. Ça te dit une nouvelle mise en situation, sans clope ni poulet mayonnaise ?

    • Mouep... Faudrait pas que je me plante.

    • Bien, tu es assis sur ce fameux banc, Blanche à tes côtés, elle commence à te parler de sa relation avec WU, de leur rencontre, de …

    • Un message pour Sarantu ! »

Tous les chevaliers et grades supérieurs ont un smartphone anuvien, n'hésitant pas à interrompre leur propriétaire d'une voix horripilante au meilleur moment, comme ici. Une prochaine mise à jour doit fusionner le radar avec cet engin. Mon mentor lit le message alors transmis. L'expression simplifiée de son visage laisse apparaître des traits d'inquiétude. Il me résume ce qu'il lit.

« Voilà une semaine que Garatu a disparu, un nouvel apprenti va m'être assigné. Le cours d'aujourd'hui doit s'interrompre, désolé Ardamu, je dois passer en phase de recrutement.

    • Pas grave, je comprends.

    • Bon, on remet ça à ce week-end ?

    • Si vous voulez, mais je vous préviens, j'ai tournoi. »

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