samedi 13 août 2011

Chapitre 2

La conversation se poursuit, alors que la capsule flotte en mouvement de spirale autour de la cathédrale. Reflétant cinq couleurs dans plusieurs nuances, la séparation chromatique semble distinguer les parties de la cathédrale. Sa base est cylindrique et d'un bleu plutôt sombre, d'une bonne centaine de mètres de diamètre pour une hauteur de dix mètres, surplombée de huit tours similaires, séparées de la même distance sur le pourtour du cylindre, d'une dizaine de mètres de hauteur pour cinq de diamètre.

Le niveau supérieur est similaire à la base, mais plutôt parallélépipédique et composé de quatre tours, une dans chaque coin, mesurant cinq mètres de côté environ. En nuances de vert, entouré par les huit tours de la base, il était de moitié moins grand que le niveau inférieur.

Une grande colonne jaune d'une vingtaine de mètres de haut pour dix mètres de diamètre émergeait en son milieu, en nuances sombres comme le reste, faute d'un endroit peu éclairé, le cœur de la planète resplendissant peu. Un autre parallélépipède, rouge cette fois-ci suivait, large de vingt mètres de côté mais haut de cinq mètres seulement. Enfin, une petite pyramide à base carrée, haute et large de deux mètres, blanche et éclairée de l'intérieur, terminait la structure en son sommet.

J'ai toujours aimé la géométrie et mesurer à vue d’œil, ce qui, je vous l'admets, est franchement rébarbatif.


Assailli de questions, je commence à m'intéresser à ce nouvel environnement.

« Cet endroit est joli, oui, mais il va falloir m'expliquer certains mots que vous avez employé tout à l'heure, Aniva, Mikuva, …

    • On peut voir la Terre depuis ici, mais sans être vus grâce à un bouclier similaire entourant Anuva à celui recouvrant notre capsule. C'est une planète dix mille fois plus petite que cette boule de nuages faisant partie du panorama. Son sol est composé d'une nappe de cristal violacée et transparente comme tu peux le voir. On y trouve également des mers sombres comme de l'encre noire, qui nous alimente en énergie. L'édifice que tu vois est une sorte d'académie Mikava. Ce mot caractérise notre organisation, dont on a un peu pompé le principe et les bases des chevaliers, mais je t'expliquerai ça plus tard.

    • Vous trouvez que j'ai une tête de chevalier ?

    • Patience, je continue mon explication. Cette académie constitue le point culminant de cette planète. Nous sommes environ soixante dix mille élus ici, tous humains rejetés de la société terrestre et souhaitant vivre dans un autre monde, loin de la marginalisation qui nous accable. Anuva est le fruit d'un humain, aux connaissances avancées en technologie et fan de science-fiction, marginalisé sur Terre également, profitant de son savoir pour générer ce monde à partir de machines. Le projet a débuté en 1980 pour n'aboutir que vingt ans plus tard. Dès lors que la planète, l'académie et les capsules de transport interplanétaire furent parfaitement au point, il s'est mis à sillonner le monde à la recherche de nous tous, ces erreurs du conformisme, pour leur proposer une nouvelle vie loin du rejet, dans un autre monde, auprès d'êtres similaires.

    • Vous offrez un nouvel espoir à ceux qui n'en n'ont plus. Vous réunissez les gens dont une société n'a pas voulu pour en fonder une autre. Voilà qui est honorable.

    • Cependant, comme toi, beaucoup de sceptiques et de gens ayant perdu toute confiance en eux composent nos rangs ; malgré le contact humain trouvé envers les autres, ces états d'esprit persistèrent. Le créateur d'Anuva décida alors de redonner le sourire aux occupants de sa planète. Il donna ainsi un sens à notre organisation en créant de véritables objectifs, de buts à atteindre. Heureux en voyant ce qu'il avait crée, il fut logiquement le premier humain a être devenu heureux grâce à la société Mikava. Les membres, soudés entre eux dans la détresse se soutenaient mutuellement, et pour la première fois, n'étaient pas abandonnés. Beaucoup ont retrouvé le goût de vivre après quelques semaines, ont réussi à être appréciés sur Terre, se sont fait des amis, ont formé un couple, …

    • en exposant leur fier habit futuriste et en disant être capables de se faire des amis auprès de ceux s'en sortant déjà ?

    • Comme tu peux le voir, les traits de nos visages sont peut-être soulignés par notre armure, mais il est absolument impossible de nous retrouver sur Terre d'après notre allure sur Anuva. C'est une idée de notre fondateur. Aujourd'hui, tous les Mikava ont signé une clause de confidentialité, s'engageant à préserver leur anonymat et celui des autres s'il leur était malencontreusement révélé, montrant ainsi que l'exclu n'a pas de visage, et peut être n'importe qui. Il est interdit de revendiquer l'appartenance à notre organisation sur Terre contrairement à ce que tu suggérais, c'est ce qui est appris en son sein qui peut s'utiliser là-bas, pour permettre de mieux vivre en s'affirmant positivement.

    • Cela n'explique pas cet habit et ces allures futuristes.

    • Comme expliqué avant, notre fondateur est fan de science-fiction. En créant Anuva, il rend hommage à plusieurs univers. Le style graphique est inspiré de Tron et notre société est inspirée des chevaliers Jedi de Star Wars. Notre monde ayant évolué au fil du temps, il nous a paru important d'établir une hiérarchie dépassant la logique apaisé-tourmenté. L'académie est divisée en cinq parties catégorisées par leurs couleurs. Le créateur vit dans la petite pyramide au sommet, veillant sur Anuva, dégagé de toute responsabilité car ayant délégué sept maîtres suprêmes, à la sagesse maintes fois prouvée et à l'esprit totalement apaisé, se réunissant en conseil lors des situations de crise dans l'étage rouge. Les problèmes plus mineurs et le choix des nouvelles recrues sont attribués aux trente-cinq maîtres de l'étage jaune. Chacun est susceptible de remplacer un maître suprême si la situation le demande, auquel cas il serait nommé par le créateur. Tous sont reconnus pour avoir été les meilleurs des chevaliers, ces derniers portant le grade vert. Composant environ le quart de la population de la planète, ils sont chargés de former trois nouvelles recrues à l'optimisme et à la socialisation, ils élisent également les maîtres parmi eux si l'un des gradés de l'étage jaune devait être remplacé. Enfin, les nouvelles recrues sont alors des apprentis, logés dans l'étage bleu, composant environ les trois quarts de la population ici, ce sont eux qui sont susceptibles de retrouver le goût à la vie par les enseignements du chevalier. Tous sont susceptibles de le devenir, à condition d'avoir trouvé l'état heureux, ceci peut l'être par plusieurs moyens, comme expliqué précédemment. »

Les explications continuent, tandis que la capsule franchit deux portes au niveau du sol, reliant l'extérieur à l'étage bleu par une ouverture carrée de trois mètres de côté. L'intérieur m'éblouit. Les murs sont d'une clarté impressionnante. Toujours en nuances de bleu, les parois semblent émettre une sorte de lumière éclairant une énorme salle, semblant se répartir sur tout le niveau bleu. Des milliers de capsules flottent en l'air, des chambres personnelles pour chaque apprenti d'après Sarantu, disposant d'une certaine intimité dans un petit espace. Diverses voies relient ces capsules entre elles. Je reste en admiration devant ce décor irréel.

« Ça fait beaucoup d'explications, je ne retiendrai pas grand-chose.

    • Si tu as des questions, n'hésite pas à les poser.

    • Si je comprends bien, je pourrais donc devenir votre apprenti si j'accepte de venir ici ?

    • En effet. Ta présence n'est pas obligatoire, nous te proposons simplement notre aide.

    • Mais du coup, vous, vous connaissez mon identité, je ne suis plus anonyme.

    • C'est là une exception de la clause de confidentialité, le chevalier connaît le vrai visage de son apprenti, vu qu'il est chargé de le recruter par demande du conseil jaune l'ayant repéré. Mais son anonymat est malgré tout protégé.

    • Et les noms des gens ne mettent-ils pas sur la voie ? Un Pierre-Paul-Jean-Jacques risque fort de se faire remarquer si retrouvé dans la réalité, contrairement à un Martin.

    • Sarantu est un pseudonyme, nous avons tous des pseudonymes ici, et tu pourras en choisir un parmi ceux disponibles.

    • Je ne vois pas d'escalier, d’ascenseur, de tire-fesses ou d'autre moyen de transport entre les niveaux, comment accéder aux autres étages ?

    • Les couleurs imposent également les réglementations. Il y a bien un escalier en colimaçon permettant d'accéder au niveau vert au centre de cette pièce, mais il n'est accessible qu'aux grades plus élevés. De la même manière, je ne peux accéder ni aux salles des conseils, ni au sommet, car je ne suis que chevalier.

    • Vous parliez de problèmes et de crises tout à l'heure, vous auriez des exemples ?

    • Le conseil jaune gère les crises mineures et problèmes internes, comme le viol de la clause de confidentialité, l'étude des cas des apprentis en difficulté, la rétrogradation éventuelle des membres, … Mais généralement, peu de problèmes surviennent, et leur réunion est rare. Le conseil rouge intervient encore moins. Il gère les problèmes externes pouvant affecter gravement notre ordre.

    • Mais comment une association, se fixant comme objectif la réinsertion des malheureux, peut subir des problèmes majeurs ?

    • Comme je l'ai dit, l'intervention du conseil rouge est rarissime, mais toujours est-il que son existence est justifiée... »

Sur ces mots, Sarantu se mue dans le silence, je n'ose en demander plus pour le moment, le sujet ayant l'air fâcheux.


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