lundi 8 août 2011

Chapitre 1

C'était un jour comme les autres. Aujourd'hui, le bizutage y était allé fort. Alors que j'avais trouvé un banc vert pour m'asseoir en ville pour mon déjeuner, je l'ai senti glissant. Un segment marron se trouvant sur l'assise laissait deviner qu'une pancarte ''Attention, peinture fraîche !'' avait été déposée ici. En me levant, mes habits avaient verdi, et le banc devinait mes formes en marron. Cinq minutes s'étaient écoulées avant qu'une rafale de plumes ne m'attaque par derrière, poussées par un souffleur électrique de Wolfgang Ulrich, l'un de mes ''bizuteurs'' les plus fidèles. Une demi-douzaine de ses amis, munis de smartphones filmaient la scène, retransmise en direct sur Internet, puis envoyée sur les sites de partage de vidéos avant la fin de la journée. « Le coq vert » avait dépassé le millier de vues en un jour.

Malgré un lavage improvisé sous l'eau de pluie, la peinture restait fixée sur mes vêtements. Mon père me récupéra le soir, non sans pousser un soupir après avoir vu mon état.

« Encore cet idiot de Wolfgang ?

    • Oui, papa.

    • Incroyable. Qu'est-ce que tu lui as fait pour mériter pareil traitement ?

    • Je ne sais pas.

    • Tu sais que j'aimerais te changer d'école, mais mes moyens ne le permettent pas. Tu ne peux pas te défendre face à ce sale gosse ?

    • Tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé à l'école élémentaire, quand j'ai voulu lui résister en employant la force, après qu'il ait déchiré mon T-Shirt ?

Mon père marqua un temps.

    • Oui, j'oubliais. Le pion, témoin de la scène, a saisi le conseil d'administration. Tu as été sanctionné pour usage de la violence. Le conseil corrompu n'a pas tenu compte de ta légitime défense, puis Wolfgang s'en est seulement tiré avec une griffure au bras.

    • Excuse-moi papa, je te fais honte.

    • Tu n'as pas à t'excuser, ce monde est simplement injuste. »

La conversation se terminait, mon père installa sa serviette sur le siège passager de la voiture pour éviter de salir ce dernier davantage, déjà bien usé. Après m'avoir rappelé une fois de plus à quel point la serviette était l'objet le plus utile de l'univers, essayant de détendre l'atmosphère, nous retournions chez nous.


Il est l'heure de se coucher. Après avoir lu Enivrez-Vous de Charles Baudelaire, ce grand poète que j'ai découvert grâce à mon professeur de Français nous faisant étudier son œuvre, dépeignant la réalité du monde par ses écrits lucides ; comme à mon habitude, je pose ma tête sur l'oreiller, verse une larme, puis m'endors.

Au cours de la nuit, le sempiternel train-train quotidien se brise subitement. Quelque chose se produit me faisant sursauter. Un petit cercle de lumière se matérialise en plein milieu de ma chambre dans un bruit sourd, puis se mue en segment, en une porte de cristal en jaillit. En apparence beau diamant violacé, voilà bien longtemps que je n'avais vu quelque chose de si coloré. La porte à double-battants s'ouvre vers moi, et un être étrange apparaît derrière elle.

Derrière lui, un fond violet tout aussi psychédélique, une porte sur une nouvelle dimension semble s'être ouverte. L'être en question est aussi haut que moi et détient une apparence humanoïde, mais s'accordant au style de la porte. Vêtu d'une armure de cristal aux reflets verts, composée d'une multitude de pièces, dont un casque masquant son visage, mais laissant apparaître des traits humains, semblable à une cagoule surmontée d'une protection recouvrant le crâne ; il semble sortir d'un jeu vidéo aux graphismes vectoriels. Quelques secondes après sa révélation, il me tend la main et me parle.

« Suis-moi. »

Aveuglement, je le suis, je n'ai de toutes façons rien à perdre. Au mieux, je meurs ; au pire, je survis.


Nous nous retrouvons dans une sorte de capsule sphérique transparente d'environ trois mètres de diamètre. Deux bancs rectangulaires sont disposés sur un plan servant de sol stable. Le tout est lisse au toucher, comme s'il n'était fait que d'une matière. Mon hôte tapote quelques boutons et la capsule se met à vibrer. Ne pouvant rester bouche bée, j'ose quelques mots.

« Qui êtes-vous ?

    • Je m'appelle Sarantu, je suis un Mikava, et je suis ici pour donner un sens à ta vie.

    • C'est pas faux.

    • Cette capsule et son contenu sont invisibles de l'extérieur. Tu peux voir sans être vu. Observe autour de toi, et je t'expliquerai tout. »


Sans comprendre, pensant que l'appel à l'enivrement de Baudelaire m'avait saisi et noyé dans l'eau de vie, m'ayant fait oublier jusqu'à sa consommation ; je suis bêtement les paroles de cette chose, pensant que le délire s'arrêterait rapidement. La capsule est en mouvement dans l'espace au-dessus d'une planète. Autour de moi s'épanouit une vision irréelle. Un univers violacé s'étale dans l'espace. Le sol est une nappe translucide, paraît lisse mais riche en relief, tels un amas d'ondes ou de dunes aux formes continues. Un cœur de lumière éblouissante mais non aveuglante se situe sous le sol. Plus loin apparaît une sorte de cathédrale, bien plus grande que celles des livres d'Histoire. Sa structure est extrêmement détaillée, sa construction a dû prendre des siècles avant de s'achever.

« Bienvenue sur Anuva, Igor. Voilà quelques temps que nous t'observons, et tu détiens le profil parfait pour intégrer les Mikava.

    • Si vous m'observez depuis quelques temps, pouvez-vous me dire quelles substances hallucinogènes ont pénétré mon organisme aujourd'hui ?

    • Strictement aucune.

    • Bien, alors, je dois être mort et emmené dans un quelconque plan métaphysique. Quelle religion avait raison en fin de compte ?

    • Tu es toujours en vie. »


2 commentaires:

GL a dit…

C'est pas faux ?

Tu ne peux pas dire que Kaamelott n’influence pas ton écriture

Desmu a dit…

Zut, mon secret est percé. ><